MEMBRE INFERIEUR
ARTICULATION DU PIED
LE NEVROME DE MORTON
Au niveau des orteils, la sensibilité est assurée par les nerfs plantaires interdigitaux, dont les branches de division assurent la sensibilité de la commissure interdigitale. Juste avant leur division, au niveau de l’espace entre les têtes métatarsiennes, ces nerfs traversent un tunnel fibreux appelé « canal métatarsien ». Les parois de ce tunnel sont constituées : en bas par le ligament transverse superficiel, en haut par le ligament transverse intermétatarsien et latéralement par des cloisons fibreuses reliant ces deux ligaments. Juste au dessus du canal intermétatarsien se trouve un espace limité latéralement par les métatarsiens (os de l’avant pied) contenant les tendons des muscles lombricaux et inter-osseux et une bourse séreuse.
Lors de la marche, au moment des impulsions du pied au sol, le nerf est comprimé de façon répétitive au sein du canal métatarsien. Cette compression peut être aggravée par un chaussage étroit. il en résulte une irritation du nerf qui provoque son épaississement jusqu’à l’apparition d’un « renflement ». Cet aspect épaissi ou renflé du nerf est désigné sous le terme de « névrome ».
LA CLINIQUE
Le plus souvent, cette compression nerveuse se traduit par l’apparition de douleurs violentes en dessous et entre les orteils. Ces douleurs sont souvent ressenties comme des décharges électriques, elles peuvent diffuser vers le bout des orteils ou remonter vers la cheville. elles sont généralement provoquées par la marche ou la stations debout prolongée en particulier si vous portez des chaussures serrées.
En cas de crise douloureuse, le fait de se déchausser et de se masser le pied permet de soulager les douleurs. une sensation de fourmillement ou une diminution de la sensibilité entre les orteils est également possible. Il est possible d’avoir plusieurs névromes de Morton sur le même pied ou d’avoir une atteinte concomitante des deux pieds.
LE DIAGNOSTIC
Lors de son examen, votre chirurgien va chercher à localiser votre douleur. il va également utiliser des tests spécifiques pour localiser le ou les névromes. il peut aussi rechercher une baisse de sensibilité des commissures interdigitales (espaces situés entre les orteils).
Une échographie ou une IRM peuvent être prescrites par votre médecin ou votre chirurgien pour visualiser le renflement du nerf ou sa compression par un élément de voisinage. une radiographie du pied est fréquemment réalisée pour éliminer d’autres pathologies osseuses ou articulaires. Ces examens peuvent aussi être utilisés pour rechercher des pathologies souvent associées à la névralgie de Morton, ou à la distinguer d’autres maladies dont les signes cliniques sont proches.
TRAITEMENT MÉDICAL
En premier lieu, il est recommandé d’adapter votre chaussage en portant des chaussures à bout large ne comprimant pas l’avant du pied et d’éviter les chaussures à talon.
Des semelles orthopédiques à porter systématiquement dans vos chaussures et adaptées à votre morphologie peuvent vous être prescrites. Leur but est de diminuer les pressions répétées sur le nerf et donc de diminuer son irritation.
Une ou plusieurs infiltrations de corticoïdes peuvent être pratiquées dans le but de diminuer ou supprimer les signes de la maladie. Lorsque l’infiltration est efficace le soulagement obtenu peut être temporaire ou définitif. Ces traitements ne permettent malheureusement pas toujours de contrôler les douleurs liées à la maladie et peuvent être inefficace chez une partie des patients. votre chirurgien vous proposera alors un traitement chirurgical visant soit à libérer le nerf inter métatarsien (« neurolyse ») soit à l’enlever (« neurectomie »).
TRAITEMENT CHIRURGICAL
-La neurolyse
Elle consiste en une décompression chirurgicale du nerf. L’intervention a généralement lieu couché sur le dos, un garrot pneumatique positionné sur la cheville, la jambe ou même la cuisse, en fonction de l’anesthésie réalisée. L’emplacement et la taille de la cicatrice est différente en fonction de votre pathologie, des habitudes de travail et de la technique choisie par votre chirurgien. Habituellement, celle-ci fait environ 4 à 5 cm de longueur. Cette décompression peut être faite par une cicatrice dorsale (sur le dessus du pied, schéma 4), commissurale (dans l’espace situé entre les orteils, schéma 5), plantaire (à la plante du pied, schéma 6) ou des mini-incisions (chirurgie percutanée).
-La neurectomie
Le principe de cette intervention est d’enlever chirurgicalement le nerf responsable des douleurs. durant l’intervention chirurgicale vous serez installé sur le dos et un garrot pneumatique sera utilisé (positionné sur la cheville, la jambe ou même la cuisse, en fonction de l’anesthésie réalisée). Là aussi, l’emplacement et la taille de la cicatrice sont différents en fonction de votre pathologie, des habitudes de travail et de la technique choisie par votre chirurgien. elle peut être réalisée par une cicatrice située sur le dessus du pied, au niveau de la plante du pied ou dans la commissure interdigitale. Cette intervention entraîne fréquemment une anesthésie ou une baisse de la sensibilité de l’espace situé entre les orteils concernés.
LES SUITES
Un chaussage post opératoire spécifique est le plus souvent prescrit selon le protocole de votre chirurgien. des soins de pansements réguliers par un infirmier sont souvent prévus pendant 15 jours à 1 mois. Un traitement antalgique adapté à vos antécédents médicaux et au geste réalisé vous sera prescrit.
En fonction des facteurs de risques qui vous sont propres et de l’intervention réalisée un traitement anticoagulant peut être prescrit pour limiter le risque de phlébite.
La douleur post-opératoire de ce type de pathologie pose généralement peu de difficulté. même si des antalgiques forts peuvent être utilisés dans les suites immédiates, le retour à domicile le jour même (hospitalisation en ambulatoire) avec des antalgiques simples est la règle.
La prise en charge de l’œdème est essentielle non seulement pour atténuer la douleur mais aussi pour améliorer la qualité de la cicatrisation : ainsi, une certaine période de repos, de surélévation et la mise en place d’une contention veineuse peuvent être utiles.
Un arrêt de travail est généralement nécessaire après l’intervention chirurgicale. sa durée est en moyenne d’un mois mais dépend de votre activité professionnelle et des gestes chirurgicaux réalisés.
LES BENEFICES
Le but de l’intervention proposée par votre chirurgien est de soulager ou au mieux de supprimer les douleurs liées à la maladie de Morton.
LES RISQUES
Malgré les compétences de votre chirurgien et de l’équipe qui vous prend en charge, tout traitement comporte malheureusement une part d’échec. Cet échec peut aller de la réapparition des symptômes à leur aggravation ou à d’autres risques plus importants.
Ces risques peuvent être le fait du hasard, de la malchance, mais peuvent aussi être favorisés par des problèmes de santé qui vous sont propres (connus ou non, locaux ou généraux). il est impossible de vous présenter ici toutes les complications possibles, mais nous avons listé ci-dessous les complications les plus fréquentes ou les plus graves qui peuvent parfois être rencontrées dans votre pathologie :
-Perte de sensibilité
- Névrome cicatriciel
- Persistance des symptômes
- Douleurs résiduelles liées à d’autre pathologie de l’avant pied
- Les douleurs chroniques et L’algodystrophie
- L’infection
- Les complications thrombo-emboliques
- Les complications de voisinage
Etant donnée la proximité de la zone opératoire d’éléments osseux, tendineux, vasculaires ou nerveux, il peut exister, de manière directe ou indirecte par rapport à l’intervention, des conséquences sur ces éléments de proximité : hémorragie, hématome, parésie, paralysie, insensibilité, déficit de mobilité, raideur articulaire…
Compte-tenu du lieu de la cicatrice, l’atteinte d’un petit nerf peut entraîner une insensibilité voire des douleurs persistantes. dans certains cas, il peut être nécessaire de ré-intervenir, pour drainer un hématome, décomprimer un nerf, libérer des tendons…